Né en 1949 à Lausanne, le producteur et réalisateur Jean-Louis Porchet est décédé le 31 mars. Amateur de bonne chère et passionné de cinéma, il aura accompagné plusieurs dizaines de films importants, en Suisse comme à l’étranger, sélectionnés et primés dans les plus grands festivals du monde.
En 1968, alors en formation d’apprenti de commerce, Jean-Louis Porchet collabore avec Marcel Ophüls qui tourne Le Chagrin et la pitié et se passionne dès lors pour le cinéma.
En 1984, il fonde avec Gérard Ruey la société CAB productions, qui sera l’un des plus importants producteurs de Suisse romande. Ils ont produit de nombreux films d’Alain Tanner, Michel Soutter, Francis Reusser, Marcel Schüpbach, Jean-François Amiguet, Greg Zglinski, Germinal Rouaux, Bruno Deville, Pierre Maillard, Pierre-Yves Borgeaud et bien d’autres encore. Ils ont aussi produit des téléfilms et séries télévisées comme C.R.O.M. ou L’heure du secret. Gérard Ruey quittera la société en 2016 pour prendre la responsabilité de Cinéforom, le fond d’aide au cinéma romand.
CAB a aussi développé une importante activité dans la coproduction, avec la France et la Belgique notamment. Ainsi, la société a entre autres participé à la production de la célèbre trilogie Bleu, Blanc, et Rouge de Krzistof Kieslowski ou deux films de Claude Chabrol, Rien ne va plus et le fameux Merci pour le chocolat, tourné en grande partie à Lausanne, ainsi que Ma vie en rose d'Alain Berliner, Les convoyeurs attendent de Benoît Mariage, Les destinées sentimentales et Sils Maria d’Olivier Assayas. Jean-Louis Porchet a récemment coproduit la comédie The Palace, de Roman Polanski, présentée à Venise en 2023.
Enfin, Jean-Louis Porchet s’est aussi transformé en réalisateur pour signer un seul et unique court-métrage qui dénote sa passion pour le cinéma : le portrait du couple mythique de cinéphiles Pierre et Simone Blondeau, Les yeux de Simone, projeté en première sur la Piazza Grande de Locarno en 2009. Directeur historique du ciné-club de Pontarlier, ami de la Cinémathèque suisse, Pierre Blondeau était aveugle, et se faisait «raconter» les films par sa femme Simone.
Jean-Louis Porchet est souvent venu présenter ses films à la Cinémathèque suisse en tant que producteur, notamment pour Michel Corboz de Rinaldo Marasco et Jérôme Piguet, projeté en 2011 au Capitole.
Je me permets d’ajouter un petit souvenir personnel (récent) pour évoquer la personnalité de Jean-Louis Porchet. Alors que la Suisse était (presque) enfermée chez elle pendant la pandémie de Covid, Jean-Louis, grand amateur de bonne cuisine, est allé dans le Chablais acheter une vaste quantité d’asperges. Il en a rempli son coffre de voiture et a sillonné la Suisse pour offrir des bottes d’asperges à ses amis et connaissances. Quelle n’a pas été ma surprise, dans le calme de nos cités en isolement, d’entendre un matin sonner à la porte ! C’était Jean-Louis qui nous offrait de belles asperges toutes fraîches… Et un grand sourire !
Frédéric Maire
Directeur de la Cinémathèque suisse
