Cinéma Queer

Diversi 5 maggio 2025

Du 1er mai au 29 juin 2025, première partie de la grande rétrospective consacrée au cinéma queer, cette sélection de films proposée par la Cinémathèque suisse, en partenariat avec la Ville de Lausanne et le monde associatif, traverse l'histoire du cinéma des années 1930 à aujourd'hui pour interroger les représentations LGBTIQ+. 

Cinéma queer : être visible, c’est exister Alors que les oeuvres intégrant des protagonistes queer ou questionnant l’identité de genre, autant que l'orientation sexuelle, fleurissent de toutes parts, les droits des communautés LGBTIQ+ continuent d’être bafoués dans de nombreux pays et reculent là où des mentalités transphobes et homophobes ne cessent d’avancer. Organiser une rétrospective sur le cinéma queer nous paraît dès lors un rappel essentiel de libertés jamais acquises, mais aussi du caractère récent de cette visibilité queer dans le septième art, presque autant que l’entrée en vigueur du "mariage pour tous" en Suisse, il y a moins de trois ans.

Car c’est bien de visibilisation dont il s’agit avec cette rétrospective, ou plutôt, ces rétrospectives. Cet important cycle se déroulera en deux temps : tandis que ce premier volet a été pensé comme un parcours à travers l’histoire du cinéma, le second, prévu en mai et juin 2026, proposera quant à lui une perspective contemporaine. Ce double programme vise à refléter l’évolution des représentations queer dans le cinéma, à questionner les modèles d’identification, mais aussi à thématiser les déséquilibres au sein des minorités – les hommes cisgenres, gays et blancs occupant davantage l’écran que les femmes, lesbiennes, personnes transgenres et racisées.

Bien que chaque film proposé ait son importance – par son époque,  sa production, son succès et/ou sa singularité –, la sélection ne prétend ni à l’exhaustivité, ni ne constitue les jalons d’un panthéon alternatif. Par leur dialogue, ces oeuvres dessinent les contours d’une autre histoire du cinéma ; l’histoire de celles et ceux qu’on a cherché à cacher et mis dans le placard ; l’histoire de celles et ceux qu’on a invisibilisés.

Si, pendant très longtemps, les personnages queer ont été inexistants ou condamnés à incarner des ressorts comiques, des antagonistes, des malades ou, pire, les trois à la fois, il ne faut heureusement pas attendre la fin des années 1960 – période des émeutes de Stonewall et de libération sexuelle – pour trouver des représentations plus diversifiées. En témoigne Queen Christina (1933), dans lequel Greta Garbo dépose un baiser furtif sur les lèvres de son amante, un geste machinal et quotidien esquissant la nature de leur relation homosexuelle, ordinarisée car non-thématisée.

Malgré les innombrables censures (du code Hays hollywoodien à l’interdiction du film kényan Rafiki dans son pays en 2018), le cinéma queer s'est fait une place dans le septième art. Corrélés au contexte sociohistorique de leur production, ces reflets arc-en-ciel n’incarnent pas toujours des idéaux de représentativité, notamment dans leur dimension caricaturale, mais ont autant contribué à une forme de visibilité qu’à de possibles identifications.

Dans cette perspective, le parcours historique auquel nous vous invitons ces prochains mois implique un accompagnement. Avec le concours de la Ville de Lausanne, nous aurons le plaisir de proposer une série d’encadrements mis en place en collaboration avec plusieurs personnes et associations queer que la Cinémathèque tient à remercier, dont Agnodice, Familles arc-en-ciel, Ekivock, L-Check, les Klamydia's, Lilith, LWORK, PlanQueer, Rainbowspot et VoQueer.


Loïc Valceschini