Souvenirs de Francesco Rosi

Divers 15 janvier 2015

"Invité par la Cinémathèque à l'occasion d'un hommage à sa carrière, Francesco Rosi a séjourné à Lausanne du 2 au 5 mars 2004, où il a présenté  Salvatore Giuliano et Il caso Mattei devant une salle Paderewski bondée. Rosi était accompagné de son frère Massimo, et deux critiques de cinéma particulièrement familiers de son œuvre, Michel Ciment (Positif) de Paris et Lorenzo Codelli de Trieste, nous avaient rejoints par TGV pour assister à l'événement. Comme de coutume, nous avions organisé auparavant une réception dans le hall du Casino de Montbenon (mise sur pied conjointement avec le Consulat d'Italie) au cours de laquelle le public lausannois pouvait approcher le grand cinéaste, 82 ans, et discuter avec lui. A la fois austère et prolixe, de tempérament sanguin, il répondait à toutes les questions avec un enthousiasme non dissimulé, toujours porté par ses convictions et son indignation politiques.
Pour la (toute) petite histoire: le soir, après les présentations, ma femme Jacqueline avait préparé un dîner à la maison, et Rosi fut si emballé par son gratin aux pommes de terre, poireaux, viande hachée et khamoun qu'il finit le plat, baptisé désormais "gratin Francesco Rosi". À table, notre ami Peter Cowie (Variety) s'aventura à lui demander comment il s'arrangea avec la mafia locale assez menaçante en tournant Salvatore Giuliano à Castelvetrano, en Sicile, sans la moindre protection policière. Rosi se leva d'un bond, saisit ses parties intimes d'une main tout en fixant intensément son interlocuteur et, après un silence, répondit en grondant: "Comme ça!" Une réponse qui résume tout le personnage: volonté, courage, intégrité."
Hervé Dumont
Directeur de la Cinémathèque suisse de 1996-2009

Au centre, Francesco Rosi, accompagné par Hervé Dumont (à gauche) et le critique Michel Ciment.
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